Randal Kolo Muani.
Interview

Randal Kolo Muani : « Je suis vraiment un joueur collectif »

Randal Kolo Muani : « Je suis vraiment un joueur collectif »

Interview
Publié le 04/09 à 11:10 - NM

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Dernière recrue du mercato du Paris Saint-Germain, Randal Kolo Muani était revenu sur son parcours singulier, lui qui n’a jamais connu de centre de formation, ainsi que sur son profil en octobre 2021 pour Ligue1.fr. Retour sur quelques extraits de cet entretien pour redécouvrir l’ex-Canari.

Randal Kolo Muani, que vous évoque le 14 mars 2021 ?
Je pense que c’est notre victoire, avec le FC Nantes, au Parc des Princes face au Paris Saint-Germain (succès 2-1 du FC Nantes avec un but et une passe décisive de Randal Kolo Muani). À mes yeux, ce n’était pas mon meilleur match, mais je suis conscient que c’est celui qui m’a mis en lumière.

Pouvez-vous nous raconter votre parcours avant d’arriver au FC Nantes (2015-2022) ?
J’ai commencé à jouer au foot en région parisienne, plus précisément au FC Villepinte, dans le club de ma ville. Ensuite, j’ai évolué au Tremblay des catégories U11 à U13 avant de rejoindre Torcy, où j’ai passé quatre ans, jusqu’en U17. C’est là-bas que le FC Nantes m’a repéré à l’âge de 16 ans avant de me recruter en novembre 2015.

Qu’est-ce qui vous manquait pour rejoindre un centre de formation plus tôt ?
Au vu du nombre de talents qu’il y a dans la région parisienne, c’est très difficile d’avoir l’opportunité de rejoindre un centre de formation. J’ai mis du temps à grandir et quand j’ai commencé à jouer, j’étais très frêle. Je manquais aussi de caractère, de maturité sur le terrain. Par exemple, dans un match, on pouvait me voir 10 ou 20 minutes puis je disparaissais totalement. Je n’étais présent que par intermittence.

Vous étiez nonchalant…
Oui… J’étais même très nonchalant. C’était une erreur de jeunesse, un aléa de la vie. J’ai dû travailler sur moi-même. J’espère que je n’en ai pas pris conscience trop tard, mais aujourd’hui j’ai le sentiment d’être dans le bon wagon.

« Je ne me disais pas qu’un jour je serai professionnel »

Mais vous avez finalement réussi à tirer votre épingle du jeu…
On va dire que j’ai eu la chance de taper dans l’œil du FC Nantes. Je suis très heureux d’avoir réussi à convaincre le club. Avant cette opportunité, j’avais fait des tests en Italie (à Cremonese et à Vicenza) mais mon père avait préféré que je reste en France. Sans cet intérêt de Nantes, je ne sais pas où je serai aujourd’hui.

Étiez-vous persuadé de réussir à devenir un joueur professionnel ?
Non, pas spécialement. Je travaillais quand même pour, j’essayais de me donner les moyens et c’était mon objectif, mais je ne me disais pas qu’un jour je serai professionnel. Je n’avais pas envie de rêver, je ne voulais pas tomber de haut.

Comment s’était passée votre adaptation au FC Nantes ?
Au début, j’avais un peu de mal, je pense que j’ai mis un an à m’adapter au rythme de travail et à l’intensité des séances. Heureusement, j’ai pu compter sur le coach Charles Devineau et mes coéquipiers pour me mettre à l’aise au fil du temps. Après avoir commencé en U19, je suis passé en CFA avec l’équipe réserve, où j’ai longtemps joué, avant de faire l’ascenseur entre cette dernière et le groupe professionnel. A ce moment-là, je me demandais quand j’aurais la chance de rester en équipe première.

Considérez-vous le fait de ne pas être véritablement passé par un centre de formation comme un frein ?
J’en fais plutôt une force. Au vu de mon parcours, je considère qu’on n’a pas obligatoirement besoin de passer par un centre de formation pour jouer au haut niveau. L’exemple de N’Golo Kanté le prouve. Il joue aujourd’hui dans l’un des meilleurs clubs au monde (Il était à l’époque à Chelsea) alors qu’il a explosé sur le tard avec un parcours singulier.

« Ce prêt à Boulogne, c’est la meilleure décision de mon début de carrière »

Quelles étaient les différences entre vous et les joueurs qui ont connu un centre de formation ?
Techniquement, ils sont très, très fins. Et tactiquement, ils ont un meilleur positionnement et font plus attention au moindre détail. Il faut s’adapter et vite apprendre. Je faisais des séances supplémentaires pour tenter de combler mon retard.

Pour acquérir du temps de jeu, vous rejoignez Boulogne en prêt pour la saison 2019/20. Qu’est-ce que vous a apporté ce passage ?
De la confiance. Déjà, avant même d’être prêté, j’avais décidé que je voulais évoluer dans une équipe première, que ce soit en Ligue 2 BKT ou en National, je voulais pleinement découvrir le quotidien au sein d’un groupe pro. Au fur et à mesure de ne pas jouer en équipe première, de faire l’ascenseur entre le groupe pro et la réserve, je commençais à douter. Je me disais que je faisais peut-être quelque chose de mal. Le fait d’avoir du temps de jeu dans une équipe au-dessus du niveau CFA, ça m’a rassuré. J’ai pu découvrir un championnat difficile, avec de l’intensité et beaucoup de duels.

Cette aventure avait pourtant mal débuté avec deux cartons rouges et huit matchs de suspension…
Ça a été le déclic. J’étais au fond du trou. J’ai commencé à me poser beaucoup de questions et heureusement ma famille était à mes côtés pour me soutenir. J’ai beaucoup changé ma façon de penser et de travailler. Je me disais que je prenais la mauvaise direction, que j’étais venu ici pour faire décoller ma carrière, pas pour régresser et m’enterrer. Il fallait que je surmonte toutes ces épreuves. Ce prêt, c’est la meilleure décision de mon début de carrière.

« Je vais penser à la dernière passe avant tout »

Comment avez-vous vécu le fait de passer d’un prêt en National à titulaire en Ligue 1 Uber en quelques mois ?
Tout est allé très vite. J’enchaînais les matchs mais je n’avais pas conscience que, oui, j’étais enfin un titulaire. Je me concentrais sur le fait de donner le meilleur de moi-même, d’aider l’équipe, de faire de bonnes passes et de marquer.

Avez-vous un modèle ?
J’en ai beaucoup (rires). Je ne me réfère pas à un joueur spécialement. Par exemple, j’aime beaucoup la combativité de Luis Suarez, la finesse d’Anthony Martial, les accélérations et les changements de rythme de Raheem Sterling… Kylian Mbappé, même si on a le même âge, j’aime la manière dont il excelle avec sa vitesse. J’essaye de prendre des touches un peu partout pour m’inspirer.

Comment décririez-vous votre profil ?
Je suis vraiment un joueur collectif. Je vais penser à mes coéquipiers, à la dernière passe avant tout. Je ne suis pas un attaquant qui a faim de but mais j’y travaille. C’est mon poste, c’est à moi d’être présent dans la surface et de finir les actions.

Il faut dire que vous n’avez pas toujours été attaquant…
Quand j’étais en CFA, je jouais plus au poste d’ailier que d’avant-centre. Comme je n’étais pas réellement devant le but, j’aimais bien dribbler sur le côté et centrer en retrait ou devant le but. Je préférais faire des passes décisives. Même à Boulogne, lors de mon prêt, je jouais sur le côté, c'est ce que le coach voulait.

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